Aujourd’hui, c’est Melisande Geldy, la cofondatrice de IKO & NOTT, qui répond à nos questions ! 	

C’était au bord de la mer, sur le bateau de mon grand-père, à  Sainte-Maxime. C’est l’endroit où je me sens le plus sereine. Tous les  étés, depuis que je suis petite, je m’évade face à la mer en partant  très loin de la côte. Ce n’est pas un immense bateau, mais on arrive à  aller assez loin avec mon frère et mon grand-père. Tu as l’impression  d’être libre, tu es face à l’horizon, face au soleil. Tu as vraiment la  sensation d’aller vers le large, la sensation de liberté avec le vent.  Chaque année, j’attends ce moment-là, car c’est le moment où je me sens  le mieux. Ça me permet de me “réinitialiser”. Je me sens libérée d’un  poids. J’ai d’ailleurs un rituel que mon grand-père me disait de faire  quand j’étais petite et que je continue d’appliquer: je prends un  caillou et je retranscris tous mes problèmes, ma dose de stress et  d’énervement dans celui-ci. Et quand je me sens prête, je le jette à  l’eau. À ce moment-là, j’ai une sensation de liberté. La page se tourne  et je recommence. C’est comme si j’avais fait reset sur toute mon année.  Petite, je ressentais déjà cette sensation et aujourd’hui je continue  de la vivre.

Quel est ton souvenir de sérénité le plus marquant et le plus lointain si tu t’en souviens ?

C’était à l’école, surtout à cause du système de notation. Il fallait  absolument que j’aie de bonnes notes. Je travaillais beaucoup pour, au  final, avoir des notes moyennes. C’était assez décevant pour moi-même.  Mais le pire moment reste le bac. Je ne revivrai cette année pour rien  au monde. Je m’étais mis une pression monstre. Par exemple, je  m’endormais sur mes fiches de révisions tellement je n’en pouvais plus,  mon corps n’en pouvait plus. De même avec les études supérieures. Je  voulais rendre fier mes parents. Je me mettais la pression pour être la  meilleure et ne pas décevoir.

C’était pendant ma deuxième année d’école de commerce. J’ai fait mon  stage d’une durée de trois mois dans une start-up. Nous étions deux, le  dirigeant et moi. C’était une petite entreprise d’événementiel. J’avais  fait mon stage de première année dans une société où il y était. Il a  bien aimé ma façon de travailler. Par la suite, il m’a proposé de faire  mon stage de trois mois chez lui, dans une vraie start-up. On était dans  un incubateur à Fontainebleau. C’était un vrai tournant. C’est à ce  moment-là que je me suis dit que c’est ce que je voulais faire aussi.  C’était extraordinaire en deuxième année d’école de commerce de faire  les missions que j’ai eu la chance de faire, surtout à 21 ans. J’ai  organisé un événement avec une grande boite dans le secteur des  vacances. J’ai dû gérer énormément de choses comme une brigade toute  entière, par exemple. Et j’ai compris que c’était ça ce que je voulais  faire. Je me disais “je veux me lever le matin et être heureuse”. Il m’a  donné une grande part de sa confiance de pouvoir gérer son bébé autant  que lui, car il ne pouvait pas tout faire. J’ai eu une certaine fierté  d’avoir fait partie du commencement de cette entreprise. Aujourd’hui, on  échange toujours, il me donne des conseils. Encore à ce jour, il reste  mon mentor dans ma tête. Lorsque j’ai lancé IKO & NOTT, je lui ai  envoyé un message. Je lui ai présenté ma start-up et je lui ai expliqué  que c’était grâce à lui que je suis là où j’en suis aujourd’hui. C’est  grâce à lui que je me suis lancé.

Es-tu d’accord pour raconter l’événement qui a changé le cours de ta vie ?

J’ai appris sur le tas, je ne pensais pas être aussi stressée.  L’entrepreneuriat, c’est assez stressant. C’est psychologiquement très  prenant. J’ai fait le choix de ne pas m’installer une routine, car je ne  voulais pas que ça m’embête. Et si jamais je la respecte pas un moment,  je ne voulais pas m’en vouloir. On a déjà une routine dans le travail  et je ne voulais pas m’en rajouter davantage. J’essaie spontanément  d’intégrer le sport dans ma journée. La chance qu’on a en tant  qu’entrepreneur, c’est que l’on peut gérer ses journées comme on le  souhaite. J’ai compris au fur et à mesure que j’étais du matin donc je  sais que je peux travailler à partir de six heures du matin, par  exemple. Par contre, il faut qu’à 15 heures, je prenne une pause d’une  heure, car sinon, je sais que je ne vais pas réussir ma fin de journée.  C’est à cette pause-là que je profite d’aller faire mon sport. Depuis  que j’ai compris ça, cela se passe beaucoup mieux, car je ne  m’infligeais pas des journées classiques. Je stresse moins et mon mot  d’ordre reste le sport, le sport et le sport. Je pratique le judo, je  suis ceinture noire et j’en fais deux à trois fois par semaine. C’est  vraiment libérateur de stress. Autrement, je touche à tout, je fais de  l’escalade et de la course également. De plus, je me suis mise au yoga  grâce au confinement, depuis, j’en fais quotidiennement. Tous les soirs,  je me prends 15 minutes pour faire du yoga et de la méditation, ça  m’apaise énormément. Psychologiquement, ça me fait énormément de bien.  Aussi, j’ai découvert l’huile et la tisane de CBD qui m’apaisent et qui  fonctionnent très bien sur moi. Dès que je dois faire ma comptabilité  par exemple, le matin, je prends mon huile de CBD et ma tisane au CBD.

Depuis, comment fais-tu pour gérer ton stress au quotidien ?

Je pense que c’est possible. Il faut se connaître, passer le stade des  six mois. Durant la première année, j’étais dans un esprit où il fallait  que je donne tout, quoiqu’il en coûte. Tu as aussi une pression sociale  et le regard des autres qui te jugent un peu. Quand tu es entrepreneur,  tu travailles souvent de chez toi et quelques fois, on peut te dire  “toi, tu fais ce que tu veux, tu fais tes journées comme tu veux”. Il y a  une certaine pression mentale car tu veux réussir. Tu as une pression  sociale, car tout le monde pense qu’être entrepreneur, c’est jouer au  baby-foot et que tout va bien alors que ce n’est pas souvent pas le cas.  Aujourd’hui, grâce à l’entrepreneuriat, j’ai appris énormément de  choses sur moi-même. Je ne regrette pas du tout, je peux dire que je  suis heureuse dans mon métier et dans ma vie en général. Cependant,  c’est au bout d’un an que je me suis dit que je ne pouvais pas continuer  comme ça. Tu ne peux pas continuer à regarder ta boîte e-mail le samedi  et le dimanche. Si tu te prends un vrai week-end, tu t’aperçois que le  lundi, tu vas être beaucoup plus performant, en plus d’être heureux dans  ce que tu fais. Oui, c’est possible d’être entrepreneur et serein.  Malgré tout, je pense qu’il faut déjà un entourage qui te regarde et qui  te dise de ralentir la cadence quand il le faut. Ce n’est pas parce que  tu manges en 20 minutes et que tu finis à 23 heures que ton business va  exploser. Il faut se comprendre, se dire que l’on fait le maximum et se  donner des lignes directrices. Il faut être serein, car si on prend du  temps pour soi, il ne faut pas s’en vouloir.

Selon toi, est-ce possible d’être entrepreneur et d’avoir une vie sereine ?

L’interview Tilyo de Melissa, cofondatrice de IKO & NOTT	

Aujourd’hui, c’est Debora, la co-fondatrice de Refyld qui répond à nos questions !

Mon souvenir de sérénité le plus  marquant est finalement assez récent puisqu’il date d’un week-end fin  mars, lors d’une retraite de yoga au cœur des Landes. Yoga et méditation  tous les jours, du surf et des assiettes végétales pour les repas. Du  repos et des échanges inspirants avec des personnes incroyables… C’est  une véritable bulle de respiration, pour se retrouver soi-même et en  revenir avec des étoiles dans la tête et le corps heureux.

Lorsque j’avais 20 ans, quand j’ai  commencé à questionner des changemakers pour comprendre le monde dans  lequel nous vivions. J’ai ressenti un sentiment étrange, un décalage  immense entre la banalité de la « vie normale » et l’ampleur inédite des  menaces qui pèsent sur l’humanité. Donc, au fil des années, j’ai dû  trouver des moyens de prendre soin de ma santé mentale et gérer mes  émotions sur le moment plutôt que de les refouler (yoga, déconnexion  totale, passer du temps dans la nature et continuer de s’informer pour  mieux comprendre ce qu’il se passe). À chacun de trouver l’échappatoire  qui lui convient le mieux, certaines personnes préféreront faire de la  boxe, d’autres de la méditation… 

En 2017, je me lance dans une folle  aventure. Journaliste de métier, je me lance dans la réalisation d’un  documentaire, avec Baptiste (mon conjoint et associé) et nous partons à  la rencontre de cette génération qui s’engage aujourd’hui pour demain.  Nous interrogeons notre rapport à l’alimentation, à la mode, aux objets  qui nous entourent… En fait, je tire le fil qui, depuis quelques années,  ne m’avait jamais quitté : par où commencer ? Nous avons énormément  déconstruit. Ce tournage fut un véritable accélérateur de développement  personnel… Et comme réponse à toutes mes questions : je lance Refyld en  2021. Le point de départ d’une seconde aventure formidable ! 

Une routine… Presque militaire !  C’est le seul moyen de ne pas me laisser envahir par le stress. Savoir  que je peux maîtriser mon quotidien, à la loupe, me rassure et me permet  d’avancer. Donc beaucoup de yoga, une alimentation très saine, de la  méditation, du sauna, une thérapie… Ça me permet de penser à autre  chose. La lecture aussi peut faire déconnecter et s’entourer de ses  proches et de ses amis, reste la chose la plus précieuse… Puis quand les  journées sont trop intenses ou que mon cycle menstruel me dit  “helloooo”, je dégaine quelques gouttes de CBD. 

C’est une réponse vraiment propre à  chacun. Il faut pouvoir se créer sa propre définition de “vie sereine”,  car évidemment, être entrepreneur, c’est accepter d’avancer dans le noir  et de devoir se jeter dans le vide… Donc, tout est relatif ! Une fois  que l’on a établi ses propres bases, on peut considérer qu’il est  possible d’être entrepreneur et d’avoir une vie sereine. Et puis avec  Baptiste, mon partenaire dans la vie comme chez Refyld, nous avons  réussi à trouver notre rythme. Travailler en couple peut-être un frein  pour certains, mais dans notre cas, c’est un accélérateur. Ça nous  permet d’être plus sereins dans notre aventure entrepreneuriale, ça nous  fait gagner du temps, on partage tout, les joies comme les peines.  C’est une force, on avance ensemble ! 

L’interview Tilyo de Debora, la co-fondatrice de Refyld	

Aujourd’hui, c’est Pierre Lagache, le CEO de My Lubie, qui répond à nos questions !

La  première fois que je me suis fait la remarque “Tiens, je me sens serein  à ce moment-là”, c’était à Lisbonne. J’étais en échange universitaire  de six mois, d’août 2018 à janvier 2019. Il faut savoir que Lisbonne est  une ville où les personnes parlent doucement, marchent doucement, c’est  vraiment calme, tu entends les bruits au loin, tout le contraire de  Paris. Je suis allé au Castelo de Sao Jorge qui est un château construit  sur les hauteurs de Lisbonne, qui est libre d’accès. Il y a des jardins  tout autour des châteaux qui dominent complètement la ville. Je me  souviens qu’avec des amis, on est allé dans ce château-là après les  cours. On s’était assis sur les remparts du château. Je me rappelle du  silence qu’il y avait et de cette vue qui surplombe tout Lisbonne.  C’était pour moi la définition de la sérénité. Tu es dans le moment  présent, tu n’es pas en train de penser à autre chose et tu profites du  moment. C’est un endroit très apaisant. Tu vis toujours à mille à  l’heure dans ton travail et à ce moment-là, je me suis senti déconnecté,  mais sans partir. C’était simplement dans un endroit où le moment s’y  prête. Pourtant, j’étais tout de même au centre d’une ville. Tu entends  au loin les bruits de la ville pourtant, il y avait une sorte  d’ambiance. Lorsque l’on vit quelque chose d’exceptionnel, on a tendance  à se dire que c’est réellement exceptionnel, qu’il faut le prendre en  photo, qu’il faut que je profite absolument. Finalement, tu oublies de  lâcher prise. Quand tu baisses ta garde, c’est à ce moment-là que tu te  mets à te surprendre. 

J’ai  découvert le stress en fin de lycée. Je n’ai jamais été un très bon  élève, je prenais les cours à la légère. J’avais un ami qui était dans  les premiers de la classe. En cours, on était tout le temps assis à  côté. Un jour, il m’a dit que si je continuais comme ça, j’allais mettre  mon avenir en danger. Je me souviens que mon père avait beau me le  dire, je n’arrivais pas à intégrer le fait qu’il fallait que je  travaille. Lorsque mon ami me l’a dit, ça m’a fait comme une sorte  d’électrochoc et je me suis vraiment mis à stresser. Si un ami aussi  proche te dit que ça craint pour toi, c’est que ça craint réellement  pour toi. Je me suis tout de suite mis à travailler. C’était vraiment  mon plus gros coup de stress dans ma vie.

À  l’époque, je travaillais dans un fonds d’investissement. J’ai toujours  regardé les entrepreneurs avec des grandes étoiles dans les yeux en me  disant que ces personnes étaient inspirantes et que j’adorerais être  comme eux. Je n’avais jamais eu le courage de me lancer. Je suis  quelqu’un d’assez mesuré quant à ma prise de risques. Je n’aime pas me  laisser tête baissée sur des projets sans avoir calculé toutes les  probabilités de succès. Je suis quelqu’un d’assez réfléchi. J’ai besoin  de me faire une conviction forte pour avancer. Le Covid a été un point  clé pour moi. On a tous été renvoyés chez nous. Le monde s’est arrêté du  jour au lendemain. Je me suis dit que je travaillais comme un malade  depuis trois ans et je me suis donc demandé si ce n’était pas mon  moment. J’ai par la suite recontacté Anne et d’autres amis entrepreneurs  de l’EMLYON. J’avais besoin de retrouver du sens à ce que je faisais.  C’est assez paradoxal, car je suis quelqu’un de très cartésien.  J’analyse beaucoup les choses. J’ai besoin d’avoir un côté rationnel  scientifique, mais d’un autre côté, je suis très créatif. Je jouais de  la guitare et je faisais de la peinture quand j’étais petit. Je prends  plaisir à exprimer ma créativité. Cette partie créative, justement,  était complètement refoulée dans mon ancien job. Je m’étais donc dit  qu’il fallait absolument que je lance quelque chose. Anne, elle m’a  parlé de My Lubie, j’ai adoré et j’ai trouvé l’idée géniale. De là, j’ai  décidé de changer de vie. Ça a été un gros tournant. Avec mon ancien  job, c’était la vie sur des rails qui ne faisait pas forcément vibrer.  C’était une prise de risque énorme, il me fallait ce petit déclencheur  que le Covid a amené. Je ne suis pas sûr que s’il n’y avait pas eu le  Covid, j’aurais franchi ce cap.

Je  ne suis pas quelqu’un de très stressé par nature. J’ai une capacité de  résistance au stress qui est assez forte. Pour que je me sente stressé,  il en faut beaucoup. Je suis assez positif et j’ai souvent tendance à  voir le bon côté des choses. Pour moi, problème égal solution.  Néanmoins, il m’arrive parfois d’être stressé. Faire du sport, ça aide  énormément. Ça permet de remettre les idées au clair et de mettre en  pause ton cerveau. Mon sport me permet d’avoir un vrai effort physique  et intense qui me fatigue autant le corps que la tête. Le fait de créer  de la bonne fatigue me permet de bien dormir. En ce qui concerne mon  téléphone, je ne le regarde pas tant que je ne suis pas habillé, pour  vraiment prendre le temps. Depuis, mes matins sont plus agréables. 

Oui  et non. Non, car ta vie ne peut pas être que sérénité quand tu es  entrepreneur, car tu es obligé de faire face à un million de problèmes  au quotidien. C’est un échange de libertés. Quand tu es entrepreneur, tu  n’as pas d’horaire de travail contrairement à un salarié. Il faut gérer  des problèmes non-stop, même le week-end. Ta vie ne peut pas être que  sérénité. Par contre, ce n’est pas parce que ta vie ne peut pas être que  sérénité qu’il ne peut pas y avoir de sérénité du tout et que tu ne  peux pas trouver des moments pour se reconnecter avec toi-même, prendre  des vacances, être dans la gratitude du moment présent et de tout de ce  que tu as accompli. Cette course au “toujours plus” et ça te fait  oublier que de temps en temps, tu te mets des objectifs et lorsque tu  les atteins, tu ne t’en félicites pas. Tu es un éternel insatisfait et  tu vas t’en fixer des nouveaux. Ce qui est bien, car ça te fait avancer  et ce qui est mal, car tu n’es pas dans la sérénité. Il est important de  célébrer ses réussites personnelles et celles de chacun. Je ne pense  pas que ça soit tout blanc ou tout noir. Tu peux trouver de la sérénité  dans ton job. L’image de l’entrepreneur qui vit sa vie sereinement à  l’autre bout du monde dans un hamac, est un mensonge.

L’interview Tilyo de Pierre, CEO de My Lubie	

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CATÉGORIE : Interviews

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